La Cérémonie du Thé

Cérémonie du Thé : Histoire d'un Rituel

En Orient, où il trouve son origine, le thé est au centre d'une véritable activité culturelle, un rituel social et spirituel connu sous le nom de 'cérémonie du thé', au cours duquel, à travers des formes ritualisées et des gestes bien précis, on prépare et déguste la boisson, accompagnant ce processus de pratiques méditatives et souvent religieuses. La cérémonie du thé est présente dans différentes cultures asiatiques, avec des variantes qui diffèrent en termes de normes, de méthodes et de principes : découvrons-les ensemble!

Qu'est-ce que la Cérémonie du Thé?

La cérémonie du thé désigne le processus de préparation, de présentation et de dégustation du thé pratiqué sous des formes ritualisées de nature méditative et religieuse : un rituel social et spirituel, au cœur de la tradition de différents pays asiatiques. En Orient, en effet, le thé n'est pas simplement la consommation d'une boisson : de sa culture, à sa préparation, jusqu'au moment où il est versé dans la tasse et dégusté, ce produit est traité avec un soin méticuleux, et est au centre de normes, de codes de comportement précis basés sur des concepts et des principes spirituels et méditatifs. Généralement, la cérémonie du thé est associée au rituel pratiqué au Japon : la cérémonie du thé japonaise est probablement la plus connue, connue sous le nom de Cha no yu et caractérisée par des règles et des styles précis et particulièrement rigides. En réalité, la cérémonie du thé est originellement chinoise, et est répandue dans différents pays d'Asie, où elle a pris des formes rituelles et culturelles diverses qui en ont fait un moment de bien-être, un art, une pratique esthétique mais spirituelle, pour atteindre l'harmonie.

Cérémonie du Thé : Origine et Histoire

La cérémonie du thé trouve donc son origine en Chine, berceau de la culture du thé : les différentes variantes codifiées dans d'autres pays asiatiques, y compris celle du Japon, ont été influencées par la cérémonie chinoise. Les premières traces écrites concernant la cérémonie du thé chinoise (Gong fu cha) remontent au VIIIe siècle et peuvent être retrouvées dans le Canone del tè, ou Cha Jing, une monographie sur le thé écrite par le moine Lu Yu à l'époque de la dynastie Tang. Dans ce document historique, en plus de raconter les origines mythologiques du thé, et de décrire les pratiques de cueillette et de transformation, on énumère les outils nécessaires à la préparation et à la dégustation du thé (il est même mentionné qu'il faut 28 accessoires!) et tous les aspects liés à l'ébullition de l'eau et à l'infusion.

La cérémonie du thé est donc une pratique extrêmement précise de préparation de la boisson, qui, au fil des siècles, a été perfectionnée pour obtenir le meilleur goût possible de l'infusion, mais qui s'est également transformée en une cérémonie spirituelle, où les gestes, les rituels, les outils visant à la préparation du thé parfait entrent également dans un processus méditatif propre aux pratiques zen, visant à tirer, dans l'agitation de la journée et des préoccupations, un moment de contemplation, d'atteinte du bonheur spirituel intérieur, d'approche de la simplicité et de l'humilité, dans une cérémonie formelle, symbolique et de recherche intérieure. Ce n'est pas nécessairement une pratique religieuse, mais basée sur le principe zen selon lequel chaque chose est précieuse et nécessite dévouement et attention.

Selon diverses documentations, en Chine, le thé était utilisé à des fins médicinales depuis l'antiquité, et il est arrivé au Japon seulement au Xe siècle, apporté par des moines bouddhistes qui s'étaient rendus en Chine pendant la dynastie Song pour étudier la doctrine Zen, découvrant comment le thé était utilisé comme aide à la méditation dans les temples chinois. En particulier, l'importation du thé et de la pratique est attribuée au moine Eisai, pendant la période Kamakura. Il est facile de comprendre que dans les monastères bouddhistes chan, où tout suivait des pratiques extrêmement précises et des règles formelles visant à la recherche de la paix intérieure, même la préparation du thé devait suivre des règles tout aussi strictes. On raconte que c'est un moine bouddhiste, Murata Jukō, au 14ème siècle, qui a fondé la cérémonie du thé japonaise avec le style Wabi-cha, dérivé de la préparation codifiée du thé pratiquée en Chine. Le style Wabi-cha se caractérise par une grande sobriété et par le lien avec les enseignements bouddhistes et la doctrine du "désir minimal", qui, selon le bouddhisme, conduit à une satisfaction complète en réalisant de petits désirs. Cette cérémonie a ensuite été revisitée et recodifiée, aboutissant au Cha no yu (littéralement : eau chaude pour le thé), le rituel réformé par le moine zen Sen no Rikyū qui perdure jusqu'à nos jours. Le lien entre la cérémonie du thé et le monde des monastères bouddhistes est extrêmement fort : boire du thé servait à soutenir les moines dans leurs pratiques méditatives épuisantes grâce à la caféine, tout en conciliant la méditation et en atteignant l'harmonie et la paix. La cérémonie du thé est considérée comme un véritable art, une pratique zen reconnue qui se déroule avec des mouvements très précis et canoniques, tout comme une danse ou une pratique sportive. Selon la cérémonie du thé codifiée par Rikyū, la préparation doit suivre quatre principes fondamentaux : - Respect (敬) - Harmonie (和) - Pureté (清) - Tranquillité (寂) Ces quatre principes enveloppent tout le rituel, des relations entre les participants à la cérémonie, à celles avec les accessoires nécessaires à la préparation, en passant par la nourriture consommée. Cha no yu : La Cérémonie du Thé Japonaise Bien que la cérémonie du thé ait pris naissance en Chine, elle a rapidement été exportée au Japon, où elle a pris des formes rituelles et des normes codifiées bien étudiées, en en faisant l'une des traditions les plus caractéristiques et esthétiques de la nation, imprégnée de sacré, où la préparation du thé est effectuée en suivant des gestes, des mouvements rituels très précis, dans le respect des principes de respect, d'harmonie et d'immanence, mais aussi de mesure et de sévérité, se traduisant par des règles strictes de préparation et une utilisation étudiée des objets. La cérémonie du thé japonaise est appelée Cha no yu, c'est-à-dire "eau chaude pour le thé", également connue sous le nom de Chadō ou Sadō, c'est-à-dire "voie du thé", et est considérée comme un art traditionnel zen, un véritable rituel exécuté selon la codification du moine bouddhiste Murata Jukō basée sur les principes de mesure et de sobriété du wabi-cha, généralement, bien qu'elle puisse être réalisée selon des styles et des formes différents.Cette pratique était en forte opposition avec une autre pratique japonaise, le tōcha, qui s'est développée avec la diffusion du thé au Japon et loin de la consommation de thé silencieuse et réfléchie pratiquée dans les classes aristocratiques de la société : un rituel somptueux d'ostentation de la richesse où des concours étaient organisés pour deviner l'origine des feuilles de thé que l'on buvait. Le Cha no yu visait à ramener la cérémonie du thé à ses origines de simplicité et de méditation spirituelle, sobriété retrouvée dans les objets, d'inspiration paysanne, dans la réduction de la taille de la pièce à thé et du nombre d'accessoires nécessaires : revisité au fil des siècles par différents moines bouddhistes, c'est Sen no Rikyū, considéré comme le véritable fondateur et le plus grand maître de thé de l'histoire, qui a codifié le soi-disant wabicha, le style selon lequel se déroule aujourd'hui la cérémonie du thé, et a contribué à la diffusion de la cérémonie au-delà de l'environnement des monastères bouddhistes, aux samouraïs et à la cour impériale. La cérémonie du thé faisait référence au rituel du sarei, où les moines du temple se réunissaient pour boire du thé, dans un moment de convivialité visant à unir les esprits. Selon la codification du maître de thé, la cérémonie du thé devait suivre la pratique zen du wabisabi, c'est-à-dire la contemplation des choses et la célébration de la beauté des imperfections et des choses simples. La Salle de Thé La cérémonie du thé est toujours considérée comme l'expression ultime de l'esthétique zen, et se déroule dans un environnement bien précis, appelé "salle de thé", autrefois une cabane en bois et en paille détachée de la résidence principale à laquelle on accède par une petite porte basse qui oblige le participant à se prosterner en signe d'humilité. La salle de thé est un petit espace rempli d'objets précis et simples, avec quelques tatamis, les panneaux du sol japonais, et est conçue pour aider aux exercices de présence mentale, peu éclairée grâce aux fenêtres occultées. En japonais, elle est appelée chashitsu. Très important à l'intérieur de la chashitsu, il y a une alcôve, une niche appelée tokonoma, où est suspendu un écrit, un poème ou une composition adaptée à la situation et souvent destinée à définir le thème de la cérémonie et une composition florale. La bouilloire, ou kama, est placée différemment selon la saison : pendant les mois froids, elle est placée dans un trou carré, tandis qu'au printemps et en été, elle est placée dans un brasero. La salle de thé est un lieu spirituel, meublé selon l'esthétique zen, dépouillé de la richesse et de l'ostentation de la vie quotidienne, où tout doit être en harmonie, élégance et tranquillité. La salle de thé doit être un lieu qui aide à se libérer des pensées jugées et à atteindre une sorte de "vide mental", c'est-à-dire une libération des attachements et des préoccupations de la vie. Le Thé Matcha Dans la cérémonie du thé japonaise, on utilise principalement le thé matcha, un thé très précieux constitué d'une poudre très fine de couleur verte brillante obtenue par la mouture des feuilles de thé. Le thé matcha est un thé très particulier car il n'est pas préparé par infusion, mais par suspension, en émulsionnant la poudre dans l'eau : le thé matcha nécessite l'utilisation d'objets très spécifiques pour une préparation optimale : le chasen, le fouet en bambou typique, et le chawan, la tasse dans laquelle il est préparé. Il existe deux types de méthodes de préparation du thé matcha:

• Le koicha, c'est-à-dire le thé dense
• L'usucha, c'est-à-dire le thé léger

Dans les deux cas, le rituel de préparation est le même, on utilise le matcha en différentes quantités, et on le mélange à l'eau, également en différentes quantités en fonction de la préparation. Le thé matcha est un thé riche en caféine, considérablement excitant mais avec une forte teneur en catéchines qui aident à la relaxation mentale.

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Les Piliers Zen de la Cérémonie de la Voie du Thé

• Harmonie : entre les invités et l'hôte, entre les participants et les objets, les objets et la saison;
• Respect : entre les participants, et entre les êtres humains et les choses;
• Tranquillité : se libérer des soucis, des tracas de la vie quotidienne;
• Pureté : l'environnement doit être propre, exempt d'éléments discordants, sobre, prêt à accueillir la beauté et à aider l'esprit à se libérer des angoisses.

Comment se Déroule la Cérémonie du Thé?

La cérémonie du thé consiste en la préparation de la tasse de thé, mais va au-delà : elle suit un code de conduite dans lequel chaque étape, de la préparation au choix de l'endroit, à la dégustation, nécessite des gestes étudiés et des règles précises, ainsi que l'utilisation d'outils spécifiques avec des noms spécifiques, destinés à des actions spécifiques. Le sens de Chan no yu montre qu'il ne s'agit pas seulement de 'préparer' la boisson pour la boire, en fait le verbe utilisé pour la préparation est tateru, ce qui signifie 'célébrer', montrant que tous les processus menant à la tasse de thé finale sont d'importance spirituelle et enrichissants pour le corps et l'esprit.

La cérémonie du thé est un rituel sacré, silencieux, où le thé passe de main en main, et demande une attention et une appréciation maximales : les mouvements sont étudiés, les paroles mesurées et en rapport avec ce que l'on s'apprête à vivre, où la formalité accrue amplifie la spiritualité du moment.

Mais comment fonctionne la cérémonie du thé japonaise?

Les invités sont conduits à travers le jardin jusqu'à la salle de thé. Ils doivent se laver les mains, pour purifier le corps et l'esprit, et entrer dans la pièce par une petite porte, qui oblige à se courber pour passer, démontrant ainsi un signe de respect.

• Une fois que les invités sont entrés dans la salle de thé et se sont assis, selon un ordre strict et prédéfini, apparaît le teishu, c'est-à-dire la personne chargée de préparer le thé, qui le prépare en position agenouillée, après avoir préparé les outils avec des mouvements précis et gracieux.
• Il existe une forme simple de la cérémonie du thé, appelée usucha, pour la préparation du thé léger, où les différents ustensiles sont positionnés et le thé est préparé dans le chawan, en utilisant le fouet en bambou, le chasen. Les participants doivent enlever leurs chaussures à l'entrée et porter des chaussons, les tabi, avant d'entrer : une fois sur le tatami, ils sont invités à admirer et apprécier les objets, la salle et les sucreries, tout en maintenant la conversation sur la cérémonie : l'esthétique, l'appréciation et l'attention pour le moment sont deux principes fondamentaux non seulement de la cérémonie du thé, mais aussi du zen.
• À partir de l'invité le plus important, tous les convives sont invités à manger une petite sucrerie, à prendre strictement avant le thé, qui sera amer, puis la chawan est placée devant eux pour déguster le thé.
• Le premier convive s'excuse auprès de son voisin, demande à boire en premier, fait tourner la chawan un nombre déterminé de fois, dirigeant le shōmen, c'est-à-dire la partie finie de la chawan, vers le teishū, boit en appréciant chaque gorgée, puis nettoie le bord de la tasse et la rend au teishū, qui la lave et poursuit le rituel avec tous les autres invités.
• Lorsque tous les invités ont bu le thé, le premier invité, appelé shōkyaku, prononce une phrase rituelle demandant à examiner et admirer les ustensiles ; le chashaku, c'est-à-dire la cuillère en bambou, le récipient à thé, etc. : ce processus est répété par tous les invités, selon le principe zen selon lequel il faut accorder attention et admiration à toutes les choses et respecter leur préciosité ainsi que leurs imperfections. Le dernier objet examiné est la tasse, la chawan, qui est tournée entre les mains tout en interrogeant le teishū sur le maître qui l'a créée, sur le style et l'histoire.
• À ce stade, l'invité est invité à donner un nom poétique au chashaku ; généralement, il est suggéré que l'invité récite un vers d'un poème ou fasse référence à la saison en cours contenue dans un haiku.
• À la fin de la cérémonie du thé, le teishū retourne à sa position initiale, s'incline avec les invités puis sort par la porte coulissante par laquelle il est entré, qui est refermée.

Ces étapes décrivent la cérémonie du thé la plus simple, c'est-à-dire celle du thé léger usucha, mais la cérémonie du thé existe en plusieurs variantes, beaucoup plus complexes, longues et scénographiques, comme celle du koicha, qui nécessitent l'utilisation de nombreux accessoires supplémentaires et différentes méthodes de préparation. C'est pourquoi il est possible de décrire les étapes de la cérémonie du thé, mais il est difficile de transmettre les émotions, les pensées et les états mentaux qui en découlent.

Les Accessoires de la Cérémonie du Thé

Les ustensiles utilisés dans la cérémonie du thé japonaise peuvent être très nombreux dans les cérémonies les plus complexes, mais même dans la cérémonie la plus simple du thé léger, l'utilisation d'objets au style reconnu, spécialement conçus pour des actions spécifiques, est impérative. Parmi ceux-ci, on trouve :

• Chaki: le récipient pour le thé
• Chakin: la serviette utilisée pour sécher la tasse après qu'elle a été lavée
• Chasen: le fouet en bambou pour mélanger le matcha avec l'eau
• Chashaku: la cuillère en bambou utilisée pour doser le matcha
• Chawan: la tasse dans laquelle on boit le thé
• Furo: le brasero utilisé pendant les saisons froides
• Rō: le trou carré dans le tatami où l'on place la bouilloire pendant les mois chauds
• Kama: la bouilloire pour l'eau

Les Desserts

Pendant la cérémonie du thé, on consomme généralement des desserts, qui sont servis en utilisant des baguettes en bois spécifiques, et coupés avec des couteaux appropriés. Les baguettes en bois sont appelées hashi. Les desserts consommés sont appelés wagashi, ce sont des desserts typiquement japonais conçus spécialement pour la cérémonie du thé, créés avec différents ingrédients et l'incontournable pâte de haricots.

Livres sur la Cérémonie du Thé

Si vous êtes intéressés à en savoir plus sur ce thème particulier, que ce soit dans la culture japonaise ou dans d'autres pays orientaux, nous vous suggérons la lecture d'un livre qui explore l'histoire et la pratique de cette tradition : Le Zen et la cérémonie du Thé de Kakuzo Okakura et La culture du thé au Japon et la recherche de la perfection d'Aldo Tollini, ainsi que Le canon du thé. Texte chinois en regard de Yu Lu, le pilier pour comprendre le code du thé et son histoire la plus ancienne.

Participer à une Cérémonie du Thé

Malgré la complexité et l'immensité et la spiritualité liées à la cérémonie du thé, au Japon, mais aussi dans d'autres pays, il est possible de participer aux cérémonies du thé. Au Japon, de nombreuses salles de thé ou temples en ville comme Kyoto ou Tokyo organisent des cérémonies du thé pour les étrangers et les touristes, pour transmettre les valeurs qui les guident et partager ce rituel social et culturel : il est bien sûr important de connaître les règles et les normes, pour se comporter de manière appropriée, mais souvent les cérémonies du thé pour les touristes sont simplifiées par rapport à celles traditionnelles, et en tant qu'invité, on est guidé pas à pas dans l'expérience. La cérémonie du thé est une expérience incroyable, qui a le pouvoir de donner un sentiment de paix et d'harmonie et de nous habituer à voir la préparation du thé comme un rituel sacré pour notre âme, de contemplation intérieure.

 

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